16 février 2024
Espace Culturel Buisson

GaBLé _Slam Noir

+++C’est peu dire qu’en vingt ans, Gaëlle, Mathieu et Thomas ont un peu tout fait, tout parcouru, contaminant de leur belle folie les petites et les grandes scènes d’Europe et d’ailleurs. Toujours en débord de la scène pop française, qui lui doit beaucoup, le trio normand s’était fait plus rare depuis trois ans et la fin de leur tournée Comicolor, ciné-concert joué plus d’une centaine de fois. Il était temps, après tout, de souffler un peu. De penser à la suite et se replonger dans l’éternelle question : Comment garder la capacité à se perdre dans son propre monde quand on l’a si souvent emprunté ? Comment
conserver la candeur de son art après vingt ans d’activisme passionné ?  Pour réinvestir cette ingénierie foutraque, cet art du joyeux chaos qui ont fait leur signature, les GaBLé ont pris du temps. Deux ans de composition et la contribution de camarades de jeux, parmi lesquels le tourangeau Funken. Sorte d’osthéoprothésiste sonore équipé de boîtes à rythmes, de synthétiseurs modulaires et d’un esprit de bidouille sans égal, il a, comme sur JoLLy TrouBLe, apporté de nouvelles
couleurs à la palette sonore du groupe. Et le résultat est à la hauteur du travail entrepris. Que cela soit sur l’imparable We LooK aWay ou sur IT MaKeS SeNSeS, sorte de Beach Boys sous éther, GaBLé déroule ici sa plus belle bricolo-pop, se
baladant dans tous les registres, assemblant comme des légos flûtes traversières et bassons, bricoles électroniques, synthés et percussions cabossées, samples de voix passés au court-bouillon. On croit voir passer le fantôme des Beatles en salopette sur SpeCiaL CoNTaiNeRs et on prend même plaisir à croiser, pour de vrai, sur le remarquable et alambiqué SHaReD le groupe Meridian Brothers, jumeau Cumbia diabolique des caennais. En à peine trente minutes, les dix morceaux s’enchainent, éclatant en bulles de couleurs comme des petites symphonies martiennes, dansantes, envoutantes, mélancoliques et heureuses. L’album se conclue par un PoNyTaiL solaire, comme une injonction sereine à la joie d’exister, de créer.+++