Parler de Synthpop à propos du premier EP de Colorado serait réducteur tant la musique de ce duo formé par Charles Urvoy et Martin Audrezet s’amuse à dérégler nos sens et à rendre poreuses les frontières musicales.

Ces 5 titres qui parlent autant au corps qu’au cerveau, empruntent les mêmes routes que John Maus, Sebastien Tellier, Metronomy ou Moroder tout en trouvant leur propre destination. Car ce qui frappe chez ces deux enfants du siècle (35 ans à eux deux), c’est cette capacité à modeler leur large culture musicale et à en faire une proposition originale.

Basés à Saint-Brieuc, Charles et Martin pourraient tout aussi bien venir de Manchester vu leur habileté à faire danser le spleen sur des rythmes blancs et froids. Cette volonté de confronter les sonorités modernes aux textures analogiques a été le fil d’Ariane tiré par le rennais Timsters qui a produit ce premier essai.

Parfait écho aux aspirations du groupe, il se permet tout : claps 80’s, claviers sans âge, cut-up hypnotiques, voix lyriques samplées, clins d’oeil au cinéma… On imagine sans peine David Lynch ou Michael Mann utiliser l’onirique Wind and Movement qui ouvre l’EP, quant à Interlude, on jurerait l’avoir entendu dans Blade Runner.

Sur le visuel impressionniste de l’EP, pas de vastes plaines, de Rocheuses ou d’altitude. Colorado c’est aujourd’hui 2 silhouettes baignées dans un halo Emeraude. A côté d’eux on devine l’écume d’un océan à moins qu’il s’agisse de la traînée d’un avion. Ciel, mer ? Aurore, soir ? Lumière, ombres ? L’art de la déstabilisation…

Photodepresse_Colorado_Credits_Marynn_GALLERNE

Bookmark the permalink.